- Bertrand Legrand est médecin généraliste dans un quartier populaire de Tourcoing, et responsable syndical.
- Le 3 septembre, il publie son Journal d’un médecin au temps du coronavirus, récit de son quotidien, de ses connaissances et de ses stratégies face à l’épidémie, du 8 février au 18 mai.
- Un document sans concession, alors que la France voit un regain des contaminations et que la gestion de l’épidémie a beaucoup fluctué ces dernières semaines.
Vous avez la réponse aujourd’hui, puisqu’Olivier Véran applique ce qu’on conseillait en avril : faire des tests automatiques. Ma position repose sur le théorème de Bayes : quand vous avez un test qui a une mauvaise sensibilité, ce qui est le cas du PCR avec un risque de 40 % de faux négatifs, on ne peut pas l’utiliser pour diagnostiquer. En réalité, il faut être clinique : quelqu’un qui tousse et qui crache, il n’y a pas besoin de test. Les choix qu’on a faits n’ont pas enrayé l’épidémie.
Le masque avec votre visage imprimé
est à portée de clic.
En ces temps troublés de Covid 19 et d'obligations de porter le masque un peu partout, il est possible d'en faire autre chose, de le décorer, de le customiser voire d'y faire imprimer le bas de son visage. Et pourquoi pas celui de son acteur ou voisine préférés ?
C'est insuffler un peu de joie ou d'humour, ou plutôt d'humanité... à une époque salement triste de coronavirus... et puis qui va refuser de porter un masque à son propre visage sur son visage...
Oserez-vous porter un masque à votre effigie?
Le masque avec votre visage imprimé est à portée de clic. Je me suis récemment acheté un nouveau visage. Ça m'a coûté 12,95 dollars [un peu moins de 11 euros], plus 3,99 dollars [3,40 euros...
http://www.slate.fr/story/193470/covid-19-masque-visage-imprime-seconde-peau
Dernière interrogation d'après confinement...
Selon Edgar Morin, la mondialisation est une interdépendance en solidarité. Il explique que le mouvement de globalisation a produit l'unification certes techno-économique de la planète, mais cela n'a pas fait progresser la compréhension entre les peuples. Pourtant, les périls écologiques, les armes nucléaires, l’économie déréglée créent de fait une communauté de destin pour les humains, mais il n'y a pas de prise de conscience. Est-ce que la crise du coronavirus va faire progresser la conscience de solidarité humaine à l'échelle planétaire ? Selon le philosophe, le grand risque est bien la fermeture égoïste des nations sur elles-mêmes. Ne faudrait-il pas abandonner la doctrine néolibérale pour un "New Deal écologique et social" ? Il s'agit de restaurer des solidarités entre voisins, entre travailleurs, entre citoyens, entre pays. Peut-être s'agit-il de penser globalement et localement la fois : ce qui conduit à re-localiser les productions essentielles de l'agriculture aux médicaments, à reconsidérer la consommation et le consumérisme, à réfléchir à l'intoxication à des produits sans véritable utilité ou en trop grande quantité... Le confinement a eu le mérite de permettre une pause dans l'existence pour tout un chacun, d'échapper un temps à l'incessant « métro-boulot-dodo » afin de penser l'instant et son destin personnel. Échapper au zapping pour tenter la pleine conscience...
Toutefois, demeurons optimistes : l'avenir se réinvente déjà en regardant notre passé. L'économie solidaire et le numérique font renaître les "communs" ayant émergé dès le moyen-âge. Il s'agit d'anciens droits d'usage médiévaux (« commons »en anglais) qui autorisaient les villageois à faire paître leurs animaux, ramasser le bois mort ou bien cueillir les champignons dans les prés ou dans des bois communaux. Ces droits avaient disparu avec le développement de la propriété privée et du libéralisme économique.
Aujourd'hui, ce sont des ressources partagées et gérées par une communauté dans le but de les développer et préserver. Les communs peuvent alors être naturels, comme un jardin partagé ou matériel (comme des véhicules, des maisons, des coopératives de production d'énergie renouvelable) ou encore immatériel (logiciel libre savoir-faire, connaissance...).
Si l'extension des droits de propriété peut menacer l'accès à la connaissance, les logiciels libres et l'Internet sont reconnus comme des communs, des ressources communes qui appartiennent à tous et dont tout le monde peut profiter.
La crise climatique et la contestation, qui va croissante, du modèle néolibéral favorise le développement de ce nouveau champ politique et économique du commun. Des collectifs de citoyens prennent en main plusieurs aspects du quotidien dans les domaines d'approvisionnement, en énergie, dans le logement, dans la mobilité ou l'alimentation. Cela devient une véritable alternative aux offres étatiques ou marchandes. Les citoyens observent une double motivation à participer à leur fonctionnement : le souhait de créer une nouvelle société avec de nouvelles règles et d'autre part le besoin d'utiliser des ressources dans un contexte économique difficile.
C'est aussi un moyen de reconstruire du lien social à partir d'un intérêt commun, c'est une réponse en définitive à la crise économique et à une crise morale, voire éthique, à une crise des valeurs. L'esprit de la mutualisation remplace la surexploitation des ressources planétaires, un système marchand qui épuise les écosystèmes. La mutualisation (solution de partage de voiture, de lieu de travail, de marchés, de monnaie locale, de recherches open sciences, d'alimentation, d'énergie, de savoirs...) est ainsi un nouveau modèle d'avenir prometteur, permettant des dépenses en usant moins de ressources. C'est mettre "au pot commun", avec des réseaux "de pair à pair".
A SUIVRE