C’est ce que l’on appelle la rançon de la gloire, pour Katalin Karikó. En pleine tournée triomphale dans sa Hongrie natale, un épisode du passé de la nouvelle star de la science, à l’origine des vaccins contre le Covid-19 à ARN messager, est brusquement remonté à la surface. Elle a été recrutée en 1978, comme agent par la Sûreté d’État, sous le nom de Zsolt Lengyel.
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La biologiste, qui s’est exilée aux États-Unis en 1985, s’en est expliquée, samedi 22 mai 2021 : J’ai été approchée et forcée de faire un choix. Je savais comment le système fonctionnait, j’avais peur, alors j’ai signé le document de recrutement. Les autorités avaient menacé de lui fait subir le même sort que son père, János Karikó, un boucher de province jeté au chômage pendant quatre ans, pour avoir pris part au soulèvement anticommuniste, en 1956.
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La mission assignée à la jeune scientifique : faire du contre-espionnage dans les laboratoires du Centre de recherche biologique de Szeged, où elle s’essayait déjà à la recherche sur l’ARN messager. Techniquement, ces révélations confèrent à Katalin Karikó le statut peu enviable d’ex-agent des services secrets communistes. Je n’ai fait aucun rapport écrit, je n’ai fait de mal à personne, jure-t-elle toutefois. Et, de fait, on ne trouve aucun rapport à son nom dans les archives.